4.LA PRISE DE POSSESSION 1699-1713

 

 

1.       Les intérêts politiques et commerciaux de fonder une nouvelle colonie.

 

 

Durant trente années, de 1684 à 1713, la guerre ne cessa pas aux Amériques où la France et l’Angleterre s’affrontèrent pour la domination de la partie septentrionale du continent.

 

Dès à la naissance de la Louisiane, Londres, maîtresse des mers après sa victoire remportée à la Hougue sur la marine française en 1692, s’efforça de couper les relations entre la France et ses colonies américaines. Son but fut d’affaiblir le Canada etl a Louisiane.

 

Pendant plusieurs années ( entre 1687 et 1699 ), la Louisiane fut abandonnée par Versailles ( trop occupé à faire la guerre en Europe ). Certains « coureurs des bois » français descendaient du Canada vers la Louisiane pour vendre des peaux aux Anglais de New York, de Caroline et de Virginie.

 

Dès 1690 des traitants Anglais étaient signalés dans la vallée de l’Ohio et les Tribus Cherokees commençaient à être régulièrement visitées par eux.

 

Versailles voulut alors éviter à la Nouvelle France d’être encerclée, et c’est pourquoi il fut décidé de contrôler la vallée du Mississippi et d’en interdire l’accès aux vaisseaux anglais.

 

En 1698, Pontchartrain, secrétaire d’état à la Marine était partisan d’une prise de contrôle de la vallée du Mississippi. En juillet 1698, d’Iberville reçut des instructions lui demandant de constituer une expédition destinée à une reconnaissance de l’embouchure du Mississippi et à la fondation d’un établissement.

 

 

 

 

 

Zone de Texte: Juillet 1698 
Iberville arrive en Louisiane

2.       La vie de Le Moyne d’Yberville ( Iberville ) premier gouverneur de la Louisiane Française .


 

 


YBERVILLE ( Le Moyne d’) ,

 

  Fils de Charles Le Moyne de Longueil , gentilhomme de Normandie , qui s’était établi au Canada en 1640, naquit à Montréal en 1662. Il entra dans la marine dès l’âge de quatorze ans, et fit plusieurs voyages longs et périlleux.

 

En 1686, il fut chargé de construire des forts dans la baie d’Hudson, ou il courut de grands dangers : mais son entreprise eut, un plein succès , et il fut nommé gouverneur du fort qu’il avait établi.

 

En 1688 , les Anglais envoyèrent trois bâtiments avec cent vingt hommes d’équipages pour surprendre d’Yberville et s’emparer du fort dont la garnison n’était que de quatorze hommes.

 

Non seulement il leur résista , mais il les tua ou les fit tous prisonniers et se rendit maître de leurs bâtiments. L’année suivante  il prit à l’abordage, avec une chaloupe armée de neuf hommes  un bâtiment anglais qui venait attaquer un de ses forts.


 

En 1690 , d’Yberville fut nommé commandant général de tous les postes que les Français possédaient sur la baie d’Hudson, et de tous les bâtiments qui navigueraient dans cette baie. Les Français avaient établi, en 1681, sur les côtes de la baie d’Hudson, le fort Bourbon. Deux ans après, il fut livré par trahison aux Anglais, qui lui donnèrent le nom de fort Nel Son.

 

 

 

En 1694 d’Yberville eut ordre de l’attaquer avec les équipages de deux frégates, il s’en empara après un combat meurtrier , dans lequel il perdit un de ses frères.

 

En 1696 , il enleva avec trois cents hommes déterminés les établissements que les Anglais avaient formés dans l’île de Terre Neuve , et après des combats valeureux il prit un fort , et fit dix huit cents prisonniers. En son absence les Anglais avaient repris le fort Bourbon ; on le chargea de l’attaquer.

Zone de Texte:

En 1697 , avec quatre bâtiments que l’un de ses frères lui avait amenés de France, une tempête ayant dispersé sa division , il se trouva seul avec le Pélican de quarante six canons contre trois bâtiments anglais ( 56, 32 et 36 canons ) , pendant quatre heures , un des combats les plus terribles dont la mer ait été le théâtre. Le pont du Pélican fut couvert de morts ;

Mais l’un des vaisseaux anglais fut coulé , l’autre pris , et le troisième mis en fuite. A la suite de ce combat, le Pélican qui était dans un état le plus déplorable fit naufrage; d’Yberville perdit encore plusieurs hommes par le froid et la fatigue ; il sortit le dernier de son bâtiment , fut rejoint peu. de temps après par son frère Sérigny , qui avait aussi beaucoup souffert , ils osèrent  attaquer le fort Bourbon qui avait une garnison quadruple de leurs forces , et qui aurait pu résister à une armée. Ce fut Sérigny qui par son courage et son grand caractère en obtint la reddition.

 


 

En 1698 , d’Yberville partit de Rochefort avec deux frégates et un transport, pour aller reconnaître l’embouchure du Mississippi que La Salle n’avait pas pu trouver en 1684.

 

 

Le 31 Janvier 1699 d’Yberville mouille au large de la baie de Mobile.

 

Le 27 février 1699 il remonta le fleuve( Mississippi ) jusqu’à plus de cent lieues , construisit un fort sur ses rives ( le 24 Avril 1699 ), et , dans les années suivantes, il établit la première colonie de la Louisiane et en fut nommé gouverneur.

 

 

Le 7 mars 1706 , d’yberville arriva à la Martinique avec une division de six bâtiments. Il y prit mille cents matelots, et plusieurs flibustiers, et le 2 avril suivant , il s’empara de l’île de Nièves. Les Anglais s’étaient retirés dans une excellente position; mais, après une attaque  très vive d’Yberville les força à capituler ; toute la garnison, fut faite prisonnière, on lui remit sept mille esclaves et trente bâtiments,  dont quelques‑uns étaient des vaisseaux de guerre et les autres chargés de marchandises.

 

 

Après un tel succès, d’Yberville s’occupait à rassembler des forces, pour conquérir la Jamaïque, et les colonies anglaises sur le continent américain lorsqu’il fut atteint d’une maladie dont il mourut à la Havane, Le 9 juillet 1706.


3.   Les difficultés à coloniser la Louisiane

 

Pendant la première phase de la colonisation, Le Moyne d’Yberville gouverneur de la Louisiane 1699-1702, fut secondé par son frère Jean Baptiste Le Moyne, qui reçut à onze ans le titre de sieur de Bienville. Bienville fut gouverneur de la Louisiane plusieurs fois 1702-1707,1708-1710,1717-1726,1732-1743.


 

BIENVILLE (Jean‑Baptiste Le Moyne, sieur de),

 

En 1699, les premières colons fondent un fort à l’embouchure du Mississippi. Les colons l’appelèrent fort Biloxi ou ils eurent à supporter de grandes souffrances (famines, maladies).

 

En 1700 Bienville alla construire le fort Mobile à 86 kilomètres au‑dessus de l’embouchure du fleuve.

 

L’année suivante il prit la direction de la colonie dont le siège fut transféré à Mobile. Il y fut rejoint en 1701 par son frère Chateaugay qui amenait quelques colons du Canada.

L’établissement ne prospéra pas, les Indiens ne pouvant être employés pour la culture du sol. Bienville proposa alors d’amener des esclaves des Antilles en les échangeant contre des Indiens, à raison de deux noirs pour trois Peaux Rouges.

Pendant plusieurs années encore la famine resta constamment menaçante.

En 1702 Bienville reçoit le titre officiel de Gouverneur de la Louisiane, dans la même année en Europe c’est le début de la guerre de Succession d’Espagne.

Définition de la guerre de Succession d’Espagne ( extrait Encarta 99 ).

 

 

 

Guerre qui opposa de 1702 à 1713 la Grande Alliance, composée à l’origine de l’Angleterre, des Provinces-Unies, du Saint Empire romain germanique et la plupart des princes allemands, rejoints plus tard par le Portugal et la Savoie, à une coalition regroupant la France, l’Espagne et certaines principautés italiennes et allemandes.

Le prétexte de la guerre fut un conflit de légitimité à propos de l’accession de Philippe d’Anjou (Philippe V d’Espagne), petit-fils de Louis XIV, au trône d’Espagne ( novembre 1700 ), conformément au testament de Charles II, que le roi de France avait accepté après de longues hésitations. La querelle de succession recouvrait un enjeu plus important. La montée sur le trône de Philippe V augmentait la puissance de la France en Europe et dans les colonies espagnoles.

 

 

 

La Louisiane vivait grâce à la Marine Royale qui leur envoya des armes, des soldats et surtout du ravitaillement. Pendant la guerre de Succession d’Espagne, la Louisiane fut oubliée par Versailles qui était trop occupé à la guerre en Europe.

 

 

Versailles ne pouvait pas envoyer de navire car tous les navires étaient utilisés pour la surveillance côtière européenne ou réservés à des théatres d’opérations plus importantes et ne pouvait pas envoyer des renforts en soldats car la guerre européenne utilisait toutes les réserves.

 

 

Chaque jour, les habitants espéraient l’arrivée d’un navire de ravitaillement. La garnisson de la Louisiane demandait du mais aux indiens. Les effectifs squelettiques, rongés par les fièvres, perdaient tout sens de la discipline, et le retard apporté à la solde des hommes et des officiers ( Bienville 7 ans, Artaguiette 5 ans ) entretenait un découragement les poussant à déserter vers Pensacola ( colonie espagnole, qui se trouve en Floride ) ou les colonies anglaises.

 


4.   Les tentatives anglaises

 

Les anglais entreprirent de mener une action en profondeur sur les tribus indiennes, car la Nouvelle Angleterre avait décidé de lancer tous ses moyens, politiques, économiques mais aussi démographiques, contre la Nouvelle France et la Louisiane.

Le plan de Londres comprenait trois phases :

- Groupement sur la vallée du Tennessee des partisans indiens de l’Angleterre et édification d’une ligne de forts ;

- Poussée vers le Mississippi ayant pour but la création d forts permettant d’intercepter les relations entre le Canada et la Louisiane afin d’isoler plus encore cette dernière ;

- Raids à esclaves sur les tribus alliées de la France pour les amener à changer de camp ; une fois le maximum de tribus ralliées à l’Angleterre, attaque sur Mobile et élimination des tribus pro-françaises de bas Mississippi.

 

5.   Les relations avec Pensacola ( Espagne )

 

Pendant la guerre Succession d’Espagne, les rapports entre Pensacola et les établissements français étaient très bon, le 6 avril 1704, un convoi de vivres partit de Mobile pour aller secourir les 300 hommes de la garnison espagnole qui étaient au bord de la famine ; le 28 mai 1706, ce fut au tour de Pensacola de sauver la colonie française en lui envoyèrent 40 quintaux de maïs.

 

Les anglais, qui estimaient eux aussi que le port de Pensacola étaient mieux situé que celui de Mobile et sur tout moins protégé par une ceinture de tribus alliées, décidèrent, en 1707, à en faire le siège avec 350 indiens encadrés par 13 anglais. Le 24 novembre 1707, Bienville dut venir au secours des Espagnols, et il rompit l’encerclement