8.FORTS ET POSTES DE LOUISIANE

 

Avec l’aide du livre  « Histoire de la Louisiane française »  de Bernard Lugan .

 

Fort Arkansas

 

Ce fort fut construit en 1718 par Bénard de La Harpe qui, bloqué par les glaces, fut contraint d’hiverner sur place. Il était situé à un peu plus de 800 km de l’embouchure du Mississippi et à environ 240 km au nord du poste des Yazoux, en basse Louisiane, auquel il fut rattaché dans les premières années de son existence.

Fort Arkansas fut plusieurs fois abandonné puis reconstruit. Son rôle essentiel fut de servir d’étape aux convois se rendant aux Illinois.

Il était constitué de quatre ou cinq baraques entourées d’une palissade et d’une cabane magasin utilisée comme entrepôt par les traitants allant aux Illinois ou en revenant.

En 1734, la palissade ayant disparu, l’ensemble après travaux de réfection se composait d’une baraque de 32 pieds de long sur 18 pieds de large, divisée en trois pièces, d’une poudrière de 10 pieds sur 8, d’une prison de mêmes dimensions et d’une « caserne » de 40 pieds sur 6. Tous les bâtiments étaient recouverts d’écorce. Pour la défense, il ne fut pas jugé utile d’entourer ces constructions d’une palissade. Seule la caserne fut ceinturée de pierres et dotée de meurtrières.

1734, la garnison du fort était de 12 sous‑officiers et soldats. En 1748, le fort fut assiégé par les Chicachas. En 1755, au moment de la guerre de Sept Ans, la garnison fut portée à 42 hommes.

 

Fort Assomption ou fort Prudhomme

 

Bâti sur le site de l’actuelle ville de Memphis, ce fort fut plusieurs fois abandonné. En 1683, il était désigné sous le nom de fort Prudhomme : reconstruit en 1738 à l’occasion de la campagne contre les Chicachas, ce ne fut d’abord qu’une simple étape. Situé à l’embouchure de la rivière Saint François, les troupes s’y concentrèrent autour du dépôt qui y avait été aménagé. L’ensemble fut désaffecté en 1740.


 

Fort le Bœuf

 

Le fort le Bœuf, bâti sur la rive droite de la rivière aux Bœufs, au sud du lac Érié, fut édifié en 1753‑1754, ainsi que les forts Presqu’île et Venango ou Machault.

 

Fort la Baye

 

Ce fort fut édifié sur l’emplacement du village principal des Renards. Tour à tour abandonné puis reconstruit, il n’eut aucun rôle militaire notable en dépit de l’importance de sa situation sur une des principales routes Canada Louisiane.

 



Fort de Chartres ou tort des Illinois, ou fort Saint‑Louis

 


En 1682, sur le site de l’actuel village de Prairie du Rocher et sur le Mississippi, entre les confluences du Missouri et de la rivière Kaskakias, Cavelier de La Salle créa un entrepôt sur l’emplacement du futur fort de Chartres.

 

Après sa mort, des missionnaires y citèrent un centre de commerce et d’évangélisation et ils y exercèrent un pouvoir quasi indépendant jusqu ‘en 1717, année du rattachement de la région à la Louisiane.

 

Ce premier établissement reçut le nom de la tribu des Illinois qui vivait dans la région. Puis il fut désigné sous le nom de fort Saint‑Louis des Illinois.

 

A la fin du XVII siècle, le rôle du fort devint plus évident à la suite du repli canadien de la région comprise au sud des Grands Lacs. L’abandon provisoire du fort de Mikilimakinac et de celui de Saint Joseph des Miamis en fit un moment le dernier poste français dans la haute Louisiane.

 

La construction d’un véritable fort débuta en 1718, donc après le rattachement à la Louisiane, quand un cousin de Bienville, Pierre Dugué de Boisbriant, y achemina une petite garnison de 88 hommes depuis le golfe du Mexique.

 

A la fin de l’année 1719, les travaux étaient achevés et le nouveau fort se composait d’une enceinte de pierre protégeant le casernement des soldats, un entrepôt et les maisons d’habitation des officiers et des traitants. En l’honneur du duc de Chartres, fils du Régent, il fut baptisé fort de Chartres.

 

C’est de cette époque que date le développement de la région des Illinois, dû à son rôle hautement stratégique à la charnière de la Louisiane et du Canada. Les Anglais comprirent vite qu’elle était la clé de l’empire français d’Amérique et ils tentèrent d’y enfoncer un coin afin de couper les relations entre les établissements français de la vallée du Saint‑Laurent et ceux du bas Mississippi.

Du côté français, le fort de Chartres fut vite inclus dans cette longue chaîne de fortifications partant du lac Ontario et aboutissant dans le bas Mississippi, dont le but était de contenir la poussée anglaise à l’est du bassin du Mississippi.

Les constructions de Boisbriant étaient trop exposées aux crues du Mississippi, et elles furent exposées. En 1727, le fort fut reconstruit mais, dès 1732, il tombait en ruine à tel point que le lieutenant de Saint Ange, nouveau commandant, l’abandonna pour en construire un autre à proximité de l’ancien, toujours sur la rive orientale du fleuve. Son apparence était alors celle d’ « un fort de pieux gros comme la jambe » dont la forme était « carrée ayant deux bastions qui commandent toutes les courtines. L’enceinte n’était soutenue que par une lice à laquelle tous les pieux étaient cloués  ».

De telles constructions ne pouvaient évidemment permettre une véritable défense de l’établissement et c’est pourquoi, en 1735, il fut ordonné d’abandonner le fort et d’en édifier un nouveau au sud de la confluence de la rivière des Kaskakias et du Mississippi; mais le capitaine de La Buissonnière, commandant des Illinois, était opposé à un tel déménagement et Bienville repoussa d’une année la construction du nouveau fort. En définitive, le fort ne fut pas déplacé et les Français se contentèrent de le réparer tant bien que mal.

En 1747, il fut à ce point considéré comme délabré que la garnison l’abandonna pour s’installer au village de Kaskakias. En 1751, le projet de construction d’un fort sur cet emplacement qui datait de 1735 fut repris, mais le lieutenant J. B. Saussier’, ingénieur chargé de la construction, préféra le site de l’ancien fort. De 1753 à 1756, à un mille des ruines du premier fort de Chartres, fut construit un bâtiment en pierre et maçonnerie. Des casernes pouvant abriter 300 soldats furent bâties.

Le nouveau fort était carré avec des côtés de 490 pieds, soit 147 mètres, avec un bastion à chaque angle. Sa construction avait coûté 200 000 livres. Le fort de Chartres accueillit les miliciens et les soldats canadiens qui voulaient continuer la lutte après la défaite de Montcalm devant Québec et l’évacuation de Montréal. Après le traité de Paris, il fut rebaptisé fort Cavendish par les Anglais.

En 1730, la garnison se composait ainsi: commandant de Saint Ange, lieutenant Maillard, 1 sous‑lieutenant et 1 enseigne, 2 sergents et 2 caporaux, 28 fusiliers’.

En 1735: 12 officiers et trois compagnies totalisant 126 fusiliers ».

En 1752: 1 commandant, 1 major, 7 capitaines, 1 capitaine réformé, 9 lieutenants, 9 enseignes, 357 sous‑officiers et fusiliers.

 

 

Fort Cherokee ou fort Ascension ou fort Massac

 

En 1702, Juchereau de Saint‑Denis construisit à 36 milles de l’embouchure de l’Ohio une palissade abritant des magasins, une chapelle et une tannerie. En 1704, le poste fut abandonné. En janvier 1755, MacCarty et Aubry, devant les menaces anglaises, firent réoccuper l’ancien site. Ils y édifièrent une palissade avec 4 bastions sur lesquels ,ils placèrent 8 canons et y installèrent une garnison de 150 soldats. Ce fort était destiné à barrer l’Ohio aux Anglais afin de leur interdire toute pénétration en direction du Mississippi.


Fort du Détroit

 

Construit en 1702 par La Mothe Cadillac, sa situation éloignée faisait qu’avant le développement de la Louisiane seuls quelques hommes y étaient casernés; en 1715, par exemple, la garnison se montait à 10 fusiliers à peine. Au moment de sa capitulation, en 1760, il avait une forme carrée et était entouré d’une haute palissade de pieux avec 4 bastions d’angle en rondins dotés chacun de plusieurs pièces d’artillerie: Au centre et autour du fort, on pouvait compter une centaine d’habitations et une chapelle.

Fort Duquesne

 

En 1732, le lieutenant de Vincennes, de la garnison de la Louisiane, ‑s’établit au confluent de l’Ouabache et de l’Ohio, sans y construire de fort.

En 1749, Céloron de Blainville suivi de 250 hommes y marqua le renouvellement de possession , par la France, car l’Angleterre revendiquait la région. Elle fondait ses droits sur le traité de Lancaster de 1744, par lequel les Iroquois lui avaient cédé une partie de la vallée, et également sur les projets de l’Ohio Company, en 1749, d’établir plu sieurs dizaines de milliers de colons dans la vallée du fleuve.

A l’automne 1752, le gouverneur Duquesne fit édifier les forts presqu’île et le Bœuf et, en 1754 le commandant de Contrecœur suivi  de 1000 hommes fonda le fort Duquesne dans la vallée de l’Ohio. La ville de Pittsburg s’est développée sur l’emplacement de l’ancien fort français.

 

Fort Frontenac

 

Fort du Canada, aujourd’hui Kingston, ce fort fut édifié en 1673 à l ‘entrée du lac Ontario.

 

Fort de Mikilimakinac ou fort de Buade ou fort de la Tortue

 

Poste créé par Cavelier de La Salle aux environs de 1670, trop isolé, il fut abandonné. Reconstruit en 1712 sur la rive droite du détroit selon  le plan traditionnel: carré avec palissade et bastions en bois.

Sa garnison est toujours restée peu importante, par exemple 20 soldat en 1715, et cela malgré le rôle de quartier général joué par le fort durant les diverses campagnes des Renards.


Fort Machault ou fort Venango

 

Fort du Canada édifié en 1752.

 

Fort des Miamis ou fort Saint Joseph

 

A l’origine, c’était une mission, comme Mikilimakinac et, plutôt qu’un fort, un petit poste où quelques soldats avaient un rôle de police auprès des Indiens christianisés et des trappeurs.

 

Fort Niagara

 

Construit en 1688 à la hauteur des fameuses chutes par M. de Denonville qui y laissa une garnison de 100 hommes sous les ordres de M. de Troyes; ce poste fut abandonné en 1692 car trop difficile à ravitailler. Reconstruit en 1725, il capitula en 1759.

 

Fort d’Orléans ou fort Bourgmont ou fort des Missouris

 

En 1723, sur le Missouri, le sieur de Bourgmont fonda un poste qui fut baptisé fort d’Orléans. Il s’agissait d’une enceinte de pieux protégeant deux baraques, l’une pour la troupe et l’autre pour les officiers et les sous‑officiers.

Onze Missouris dont la fille d’un chef suivirent Bourgmont en France où ils furent reçus à la Cour. La fille du chef fut baptisée à Notre Dame de Paris et mariée au second de Bourgmont, le sergent Dubois, lequel fut promu lieutenant. De retour en Louisiane, il reçut le commandement du fort d’Orléans. Quelques mois plus tard, les Missouris attaquèrent le fort et en massacrèrent toute la garnison. Mme Dubois retourna vivre dans sa tribu.

Le site demeura inoccupé jusqu’en 1764, année où le fort Saint‑Louis fut édifié sur la rive opposée du Missouri.

 

Fort Pontchartrain

 

Petit poste canadien construit au nord du fort du Détroit, à l’ouest du lac Saint Clair.


Fort de Pickawillany

 

Principal village des Miamis où quelques soldats assuraient une présence française. Au moment de la chute du fort Duquesne, en 1759, une palissade avait été construite et une petite garnison installée pour retarder l’avance anglaise vers le Mississippi.

 

Fort de la Présentation

 

Fort canadien bâti sur l’emplacement de l’actuelle ville d’Ogdenburg.

 

Fort Rouillé

 

Fort canadien, le fort Rouillé fut édifié sur le lac Ontario. Il reçut ce nom en l’honneur d’Antoine Louis Rouillé, comte de Jouy (1689‑1761 ), commissaire du Roi pour la Compagnie des Indes en 1745, secrétaire d’état à la Marine en 1749.

La ville de Toronto est bâtie sur l’emplacement du fort Rouillé.

 

Fort Rosalie des Natchez

 

Ainsi baptisé en l’honneur de la comtesse de Pontchartrain, ce fort fut édifié entre mars et août 1716. Construit sur une colline surplombant le Mississippi, il se présentait sous la forme d’un simple rectangle de 35 brasses de long sur 15 de large entouré d’une palissade sans bastions.

En 1719, le fort Rosalie fut renforcé par quatre bastions d’angle et reçut une faible artillerie. Après la révolte des Natchez, il fut reconstruit selon le même plan.

Forte d’une compagnie à effectifs réduits avant le soulèvement, le fort Rosalie eut ensuite une garnison importante pour la Louisiane.


 

Fort Vincennes ou fort d’Ouabache

En 1730, afin de couper la route Ohio‑Ouabache aux traitants anglais et à leurs intermédiaires, le lieutenant de Vincennes’ reçut l’ordre de construire un fort sur le fleuve Ouabache. Le fort Vincennes n’était qu’une simple maison fortifiée entourée d’une palissade haute d’1,80 m. Le poste dépendait du fort de Chartres et sa garnison en était détachée.

Fort Vincennes attira des colons et des trappeurs. Quelques dizaines de maisons furent construites dans la prairie qui l’entourait.

 

 

La Balise

 

Clef de la Louisiane, la Balise défendait l’entrée du Mississippi. Le fort fut construit par Bernard Deverges, ingénieur en chef à la Louisiane. En 1733, le poste comportait un port, des habitations, un magasin, une chapelle, des casernements, les logis de l’entrepreneur et du pilote, l’ensemble abrité par une enceinte.

En 1733, Salmon proposa de faire construire une « tour à feu » qui aurait pu servir de phare aux navires abordant à la Balise, bâtiment qui aurait facilité la navigation durant les longues périodes brumeuses. Quelques mois auparavant, un vaisseau était en effet « resté 10 à 12 jours à la côte sans savoir où il était et sans apercevoir la terre qu’il approcha d’une portée de fusil’ ». Le ministre de la Marine donna un avis négatif car, en cas de guerre, un tel phare aurait pu faciliter à l’ennemi l’accès à l’entrée du Mississippi.


 

La Mobile ou fort Louis ou fort Condé

 

Insalubre, le fort Maurepas fut abandonné en 1702. Un nouvel établissement fut alors décidé dans la baie de la Mobile, sur la rivière du même nom et à proximité des villages Alibamons, afin de mieux surveiller cette tribu de plus en plus fréquemment visitée par des traitants anglais.

Bienville fit édifier le nouveau fort à l’entrée de la baie, et la ville qui se constitua autour de son enceinte devint la première capitale de la Louisiane. Les magasins et la station de débarquement furent construits sur l’île du Massacre qui prit bientôt le nom plus pacifique d’île Dauphine. L’établissement était situé un peu plus haut que l’actuelle ville de Mobile.

Très vite, Bienville comprit que Mobile ne pouvait demeurer longtemps la capitale de la colonie, car le principal établissement devait être fondé sur le Mississippi même afin d’être le débouché de l’arrière pays.

En 1702, le fort Louis de Mobile était formé de 4 bastions en demi cercle dotés de batteries et reliés par une palissade. A l’intérieur de cette enceinte, 4 corps de garde, logements des officiers, répartis autour de la place d’armes; les casernes furent mises en chantier plus tardivement et à l’extérieur de l’enceinte.

En 1711, en raison des inondations continuelles, le site fut abandonné et le fort reconstruit en partie en briques et déplacé vers le sud. Il reçut alors le nom de fort Condé.

La Mothe Cadillac, dans une lettre datée du 26 octobre 1713, décrivait ainsi le fort: il est en « mauvais pieux de cèdres à 4 petits bastions; il n’est point doublé ni échafaudé, les canons sont sur le bord de l’eau »; mais il évoquait la possibilité de refaire les bâtiments et les bastions en maçonnerie et à la chaux grâce à l’abondance de coquillages.

Poste important, même après la construction de La Nouvelle-Orléans, Mobile a toujours eu une garnison nombreuse par rapport aux effectifs globaux de la colonie.

1730: lieutenant du roi, le baron de Tresnay, major de Beauchamps, capitaine Marchand de Courcelles, 2 lieutenants, Massé et Benoit, 2 enseignes, Daquin et Bonnille, les compagnies de Courcelles et de Lusser chacune avec un effectif théorique de 2 sergents, 3 caporaux, enfin 1 tambour et 24 fusiliers’.

31 août 1733: 1 commandant, Diron d’Artaguiette, 1 major, M. de Noyan, 1 aide major, M. de Jussan; 5 compagnies: compagnie de Lusser: 3 officiers, 1 sergent, 2 caporaux, 1 tambour et 26 fusiliers plus 1 sergent et 14 soldats détachés dans divers postes; compagnie de Beauchamps: 4 officiers, 1 sergent, 1 caporal, 1 tambour et 26 hommes plus 1 sergent, 1 caporal et 15 soldats détachés dans divers avant‑postes; compagnie suisse: 2 officiers, 3 sergents, 6 caporaux, 2 tambours et 51 fusiliers’.

1735: 3 compagnies: Lusser, Bersés, Bombelles, totalisant 12 officiers et 135 fusiliers. Septembre 1752: 1 commandant, M. de Beauchamps, 1 capitaine aide‑major, 3 capitaines, 3 lieutenants, 6 enseignes, 161 sous‑officiers et soldats plus 3 officiers et 31 sous‑officiers et soldats.

 

Fort Maurepas ou fort des Bilocci

 

Ce fort, achevé le 1 mai 1699, fut le premier établissement français en Louisiane. Il était construit dans la baie de Bilocci ou Biloxi. A la fin de l’année 1699, des travaux pour la construction d’un hôpital furent entrepris et les alentours du fort défrichés afin de faciliter sa défense. ~ Le fort Maurepas se composait de 4 bastions faits de rondins superposes, entourés d’une double palissade et d’un fossé. Deux des bastions, dotés d’artillerie, étaient protégés par des parapets.

Le fort Maurepas, conçu comme premier établissement, ne correspondait pas aux projets de D’Iberville de pénétrer dans l’arrière‑pays pour établir des contacts avec les tribus et les soustraire à l’influence  des Anglais de Caroline et de Géorgie.

Ce site primitif était malsain et nombre d’hommes y souffraient des fièvres: 12 morts de septembre 1699 aux premiers mois de l’année 1700. Toutes ces raisons firent que       le siège de l’établissement principal de la Louisiane fut transféré en 1702 à l’entrée de la baie de Mobile, où fut construit le fort Louis.

 

En janvier 1721 l’ingénieur Le Blond de la Tour sur instructions du Conseil de la Louisiane proposa quatre plans « à la Vauban », à proximité de l’ancien fort Maurepas, pour le nouveau Bilocci. Les travaux y débutèrent, mais les problèmes dus tant aux conditions climatiques locales, humidité surtout, qu’aux difficultés d’approvisionnement firent qu’en 1722 Versailles décida l’abandon du projet et le transfert pur et simple de la capitale à la Nouvelle Orléans.

 

 

Fort Mississippi ou Fort La Bou1aye ou Fort Saint Philippe

 

 

Le fort Maurepas, situé à l’est de l’embouchure du Mississippi, ne as l’accès du fleuve contre les Anglais; aussi D’Iberville fit‑il un fort sur le fleuve même. En 1700 y fut édifié le fort Mississippi ou fort de La Boulaye, du nom d’un des soldats de la garnison.  D’Iberville voulait en faire le verrou méridional du grand fleuve, mais le fort n’était qu’un assemblage de roseaux recouverts de feuilles et entouré d’un fossé. Aucun bastion ne fut construit et les quelques canons dont il fut doté furent installés sur la falaise dominant la position. Le fort fut officiellement abandonné en 1707.


 

Fort des Natchitochés ou fort Saint Jean Baptiste

 

Fondé en 1714 par Juchereau de Saint‑Denis, ce fort n’était qu’un simple retranchement de pieux, sans bastion ni artillerie. Situé sur une île entourée d’un bras d’eau, le fort ne pouvait communiquer avec le Mississippi qu’en période de crue car des masses de troncs à demi submergés interdisaient toute navigation durant six mois par an.

En 1720, des travaux furent entrepris afin de refaire la palissade et agrandir les casernements pour recevoir une garnison de 40 soldats’. Après cette date, les registres indiquent les effectifs suivants.

1730: 1 commandant, M. de Saint‑Denis, 1 lieutenant, 2 sergents, 3 caporaux, 24 fusiliers

1752: 1 commandant, M. de Blanc, 1 capitaine, 1 lieutenant, 3 enseignes, 42 sous‑officiers et soldats’.

1758: 1 commandant, 6 officiers, 3 sergents, 4 caporaux, 1 tambour, 3 cadets, 35 fusiliers.

 

La Nouvelle Orléans

 

Bienville comprit que la colonie de la Louisiane n’aurait aucun avenir si un établissement n’était pas créé au débouché de la vallée du Mississippi, raison d’être de la présence d’hommes sur le golfe du Mexique. C’est pourquoi, en 1708, il envoya cinq colons sur le futur emplacement de La Nouvelle‑Orléans.

L’idée de l’installation française à La Nouvelle‑Orléans revient néanmoins à Rémonville, un familier de Cavelier de La Salle qui, en 1702, jugea que la création d’un établissement sur le « portage du Mississippi », c’est‑à‑dire sur le site même de la future ville, était indispensable.

Crozat comprit à son tour qu’il était inutile de continuer à occuper des forts accrochés sur le littoral tout en négligeant la vallée du Mississippi. C’est pourquoi, en 1715, il demanda la création d’un poste « portage ». En août 1717, la Compagnie d’Occident remplaça celle de Crozat et il fut immédiatement décidé de fonder l’établissement du Mississippi.

Au mois de mai 1717, le gouvernement L’Épinay et Bienville baptisèrent le poste à construire. En l’honneur du Régent ils lui donnèrent le nom de Nouvelle Orléans.


 

A l’époque de la fondation, l’accès direct à la ville était impossible et un transbordement nécessaire. L’opération était complexe : les navires remontaient jusqu’au lac Pontchartrain puis s’engageaient dans le bayou Saint Jean. Là, les marchandises étaient déchargées et chargées sur des charrettes qui les acheminaient jusqu’à La Nouvelle­ Orléans.

Construite sur le Mississippi, La Nouvelle Orléans devait impérative firent pouvoir être atteinte directement par les navires venus de France. L’ingénieur Pauger, chargé de la construction de la ville, ayant entrepris de sonder le Mississippi comprit très vite que pour rendre navigable l’entrée du fleuve il suffisait d’en obstruer les bouches secondaires et de laisser le courant déblayer les bancs de sable ou de laisser qui, l’obstruant en partie, y créaient un phénomène de barre. Utilisant des arbres échoués, il augmenta ainsi le courant du chenal principal, Le père Charlevoix qui connaissait bien Pauger et l’avait même accompagné dans certaines de ces expéditions partageait cet avis.

 

En 1722, le siège du gouvernement fut installé à La Nouvelle Orléans qui comptait alors 203 habitants. En 1727, après l’arrivée des sœurs ursulines, un hôpital fut construit ainsi qu’une école pour les filles.

La capitale de la Louisiane commençait peu à peu à ressembler à une ville. Principale agglomération de la colonie, elle en fut également la première garnison, ainsi que l’indiquent les registres conservés aux Archives nationales à Paris. C’est ainsi qu’en 1730, 4 compagnies, celles de M. de Gauvrit, d’Artaguiette, de Pradel et de Renaud, 112 sous officiers et soldats’ y étaient casernées.

En 1735: 4 compagnies totalisant un effectif théorique de 188 sous officiers et fusiliers et en 1752 : 649 officiers, sous‑officiers et soldats’.


 

 

Fort Saint Claude ou fort Saint‑Pierre ou fort des Yazoux

 

Ce fort fut construit en 1722 au bord de la rivière des Yazoux, affluent du Mississippi. Il fut détruit en 1729.

 

Fort de Tombecbé

 

Construit aux environs de 1720 à l’ouest du fort Toulouse, dans un angle entre la rivière Tombecbé et un ruisseau qui s’y jette, le fort était un rectangle entouré d’une palissade. Il présentait sa plus grande longueur face à la rivière.

Reconstruit aux environs de 1730, il fut doté de 4 bastions et d’une courtine d’environ 10 pieds de haut percée de 3 portes.

Comme dans le cas du fort Toulouse, la garnison était détachée des compagnies de Mobile; dans les années 1752 et 1759, les effectifs étaient les suivants.

1752: 1 commandant, M. de Granpré, 1 capitaine, 1 lieutenant, 2 enseignes, 44 sous‑officiers et soldats’.

1757: janvier: 5 officiers, 1 sergent, 2 caporaux, 1 tambour, 2 cadets, 29 fusiliers’.

1759: 5 officiers, 2 sergents, 3 caporaux, 2 cadets, tambours, 44 fusiliers ».

 

 

Fort Toulouse des Alibamons

 

Construit en 1716 pour défendre les arrières de Mobile, le fort Toulouse était situé à proximité du principal village des Alibamons. Dernier poste avant la Caroline, il était bâti dans une zone de triple rivalité franco‑anglo‑espagnole.

Au point de vue architectural, il était formé par une petite enceinte avec 4 bastions renfermant chacun 2 canons. La garnison de ce fort dépendait de Mobile et les hommes étaient détachés des compagnies casernées au fort Louis.

 

A la suite du conflit avec l’Espagne, la garnison  fut renforcée mais les effectifs exacts, variant autour de 50 hommes. En janvier 1760, le fort était défendu par 3 officiers, 2 cadets, 1 sergent, 1 caporal et 43 fusiliers.